[Chapitre 14] Kashif Nadim Chaudry

Introduction

Kashif Nadim Chaudry est un artiste basé à Nottingham et spécialisé dans le travail du textile (fils et tissus). Il est née à Nottingham, d’une famille originaire du Punjab et formé au Goldsmiths College de Londres. Nadim joue avec les origines, les identités et les influences.

Ton studio de travail se trouve dass cet endroit extraordinaire qu’est Primary, une ancienne école primaire de l’époque victorienne, où 26 artistes sont en résidence. Vous partagez tous le même intérêt pour les nouvelles manières d’engager les publics. Qu’est-ce que cela signifie pour toi dans ton quotidien ? Penses-tu que ton travail s’en trouve influencé ou c’est Nottingham qui se tisse à tes oeuvres ?

Faire partie d’une large communaute comme celle de Primary est vraiment très inspirant. C’était l’un des apsects qui me manquait le plus après mes études : la possibilité d’avoir un dialogue et des échanges critiques avec des confrères mais ici, à Primary, je peux toujours trouver quelqu’un à qui parler de mon travail et vice versa.
C’est également très inspirant de faire partie d’un studio où se trouvent tellement d’artistes et de genres parce qu’il y a réellement la possibilité de pollinisations croisées et de collaborations. C’est toujours excitant de voir les autres faire, particulièrmeent quand c’est très différent de son propre travail.
La plupart de mon travail est inspiré de mon propre univers d’idées et d’expérimentations ; je ne considère donc pas Nottingham comme source de mon inspiration même si c’est une ville agréable est dans laquelle j’ai toujours vécu !

On peut lire dans beaucoup de tes interviews que les questions de l’espace et de l’environement sont très présentes dans ton travail. Comment conçois-tu l’espace et comment le construis-tu ? Est-ce que tes oeuvres sont modelées par l’espace ou vois-tu l’espace comme un terrain de jeu dans lequel tu ajoutes tes éléments ?

J’aime cette idée d’espace comme un « terrain de jeu » dans lequel travailler et créer ; le décrire comme ça me fait penser à une matrice ou encore un incubateur dans lequel créer !
L’idée de placement est important dans ma pratique car défini par la manière que l’on a de nous positionner nous-mêmes dans le monde et de nous identifier par nos constructions sociales … ou pas. Par exemple, je me définis comme un artiste queer (en tant qu’homosexuel) ce qui me positionne automatiquement en-dehors de la culture musulmane dans laquelle j’ai été élevé et ce qui m’a donc obligé à réfléchir à comment, par quoi et où je m’identifie et me positionne. Les constructions sociales sont élaborées par le cérémoniel et les rituels -parmis tant d’autres choses- particulièrement spécifiques en ce qui concerne les rôles que prennent les gens et leur manière de se « placer » de certaines façons. Être à l’extérieur de telles constructions te force à ré-évaluer et re-créer tes propres rituels et d’être dans le monde.
J’aime également beaucoup travailler en 3D car c’est englobant et procure donc, selon moi, une plus grande force encore. Tu peux alors contrôler comment les gens naviguent dans l’oeuvre et la relation qui peut s’installer avec l’espace d’exposition. Une fois encore, cela relève d’une espèce de rituel ou de performance dans lequel je suis à même de contrôler l’espace autour de mon oeuvre.

Pourquoi as-tu choisi de créer avec du tissus ? As-tu d’abord été attiré par le matériau ou ses significations ? (Mode, vêtements, ton histoire familiale ou peut-être la symbolisation du lien social).
D’autre part, si le textile est omniprésent dans ton oeuvre, tu utilises également d’autres matiériaux comme des os ou du bois ; toujours en présence de fils ou de tissus cependant (comme lors de ton exposition « MEMES » à l’été 2012 au Lakeside Arts Centre). Est-ce pour toi l’occasion de dire d’autres choses ou d’instaurer un dialogue entre les matériaux ?

Je viens d’une famille de confetionneurs et tailleurs, j’ai donc grandi dans le tissus. Pour moi, c’est comme un matériau primaire. J’aime la fluidité d’un vêtement, le fait qu’une myriade de procédés peuvent être utilisés pour le modifier, de plusieurs manières.
Mais le coeur de ma pratique est aussi autour de la combinaison de matériaux inhabituels (comme les os ou les cheveux humains) accompagnés de matériaux riches afin de marier la beauté et l’abject. C’est pour moi une métaphore de la vie : on trouve autant la beauté que l’abject et, parfois, il est difficile de faire la différence entre les deux.

Articles et sites (en anglais) utilisés pour cette interview :

• Kashif Nadim Chaudry, site web officiel

• Artist Nadim Chaudry on his inspiration, 21.05.2010, par This is Nottingham in Nottingham Post

• nadim chaudry, Resident Artist, STUDIO A3 in Primary

• Kashif Nadim Chaudry – Memes, 17.07.2012, par Sanjay Brown in Leftlion

• KASHIF NADIM CHAUDRY INTERVIEW, 29.06.2013, par Isobel Whitelegg in Nottigham Visual Art

• REVIEW OF KASHIF NADIM CHAUDRY’S – ‘IMPRESSIONS OF MEMES’, 21.09.2012, par Sooree Pillay in New Art Exchange

• “MEMES” – KASHIF NADIM CHAUDRY, 20.08.2012, par Rachel Marsden in RACHEL MARSDEN’S WORDS