Quelques repères
J’ai eu le grand plaisir de rencontrer Greame Denton sur Chilwell Road, durant l’édition 2014 du Festival Oxjam Music de Beeston, Nottingham (UK). J’ai été captivée par la présentation de ses bières et de son entreprise, from the notebook (littéralement, du calpin) qui a la spécialité de produire des bières, non seulement bonnes (selon moi) mais aussi « inspirées par la nature ».
Pouvez-vous expliquer plus précisément le concept de votre entreprise ?
Le concept de base qui a amené à la création de cette entreprise est la volonté de produire des bières, inspirées par la vie sauvage. L’idée originale naquit de mes visites dans le Northumberland et en particulier dans les îles Farne où j’ai pu observer la nidification des oiseaux marins durant la période de reproduction. La première bière a avoir commencé la compagnie a été la « macareux » grâce à sa mise en vente auprès des touristes. Puisque dans les boutiques touristiques, ils peuvent acheter des bouteilles de bière produites localement, pourquoi ne pas croiser ces deux éléments : un cadeau relatif aux macareux pour les touristes mais sous forme d’une bière. Les coffrets cadeaux sont toujours un achat populaire d’où la nécessité de produire d’autres bières que la « macareux ». Ainsi, l’idée de produire une gamme de bières similaires sur le même thème a pris forme. En tant que biologiste de formation et amoureux de la vie sauvage, je suis parfaitement conscient que leurs habitats sont sous une pression croissante et il y a la nécessité de sensibiliser les gens dans la conservation de l’environnement. Ainsi, je veux que les oiseaux peints sur les étiquettes des bouteilles de bière bénéficient du produit de ces ventes. Pour ceci, la suite logique était d’établir le lien entre les bénéfices de ces ventes et l’association caritative. L’association caritative choisie doit, bien sûr, être liée aux animaux dépeints sur les produits. Puisque la première série a été basée sur les oiseaux marins, il semblait logique de soutenir ceux qui s’engagent dans la conservation et la protection des mers en leur faisant bénéficier du produit de ces ventes. Nous avons donc choisi la Marine Conservation Society afin de les aider dans leur travail de protection de la faune marine (dont font partis les macareux). Nous n’aurions pu trouver de meilleurs supporteurs qu’eux et ce, dès le début lorsque la seule chose que je leur avais montré était une idée générale de ce que je voulais faire et quelques illustrations des produits imaginés, sur un ordinateur.
La première brasserie partenaire a été choisie de par sa localisation dans le Northumberland (puisque ces bières étaient inspirées par la faune du Northumberland, cela était logique) mais aussi par le fait que cette brasserie, Allendale, avait déja produit des bières sur le thème des oiseaux comme la Golden Plover (le pluvier doré) ou la Black Grouse (le tétras noir). A nouveau, cela collait parfaitement avec ce que nous voulions faire et encore une fois nous avons rencontrer un soutien enthousiaste du projet chez Allendale.
Les avantages de cette collaboration sont nombreuses. Grâce à l’expertise de cette brasserie, primée et reconnue pour ses compétences, nous avons pu avoir une production dont la qualité du produit était assurée. Leur connaissance du processus de brassage et d’embouteillage nous a permis d’améliorer le travail de définition et de conception de cette bière idiosyncrasique (processus particulier de brassage). En outre, cela a été bénéfique pour la brasserie en s’assossiant à notre marque et, à travers les bières qu’elle brasse pour nous, les donations caritatives qui en découlent. Par ailleurs, depuis que nous nous sommes assossiés à des oeuvres caritatives à ampleur nationale (voire internationale), nous ne sommes plus restreints à une seule région mais nous pouvons, potentiellement, couvrir un marché plus important. Cela permet également aux brasseries de toucher un public plus large et donc voir un impact bénéfique pour leurs propres ventes de bières.
Avec Colin Bowler vous avez créé il y a deux ans « from the notebook » mais vous venez tous deux de milieux professionnels très différents (vous étiez chercheur en cancérologie et Colin Bowler expert financier). Comment êtes-vous devenu des faiseurs de bières-avec-des-animaux-volants-dedans (à part bien sûr pour la bière d’automne qui a pour mascotte un hérisson) ?
Je suis membre de la CAMRA (CAMpaign for Real Ale) depuis un certain nombre d’années maintenant et je suis toujours curieux d’essayer de nouvelles bières. Le marché de la « craft beer » (la bière artisanale) a explosé ces dernìeres années, notamment avec des nouvelles et très intéressantes bières, produites par des brasseurs créatifs et habiles. J’ai quelques compétences en matière de fermentation de par mon expérience de chercheur en cancérologie : je modélisais des proteines destinées à cibler les tumeurs en utilisant des systèmes d’expression eucaryotique (utlisation de la levure) et procaryotique. J’ai appliqué certaines de ces connaissances de base pour la mise en place et la production, dans mon garage alors, de bières faites maison. Rapidement il m’est apparu que ce processus me prendrait trop de temps (produire moi-même les bières et les vendre au public) et j’étais trop impatient de lancer cette entreprise qui me semblait vraiment une bonne idée. Avec la somme obtenue lors de mon licenciement, j’ai décidé de me lancer et de mettre mes économies dans la réalisation de la nouvelle société. C’était ce genre de moment « maintenant ou jamais » et, avec chance, mon pari sera gagnant. Je ne peux pas parler pour Colin mais je peux en revance vous dire que nous sommes de bons amis et étions déjà enclins à partager une ou deux bières. Colin est un passionné de faune (en particulier les papillons et les oiseaux), il était donc le partenaire idéal pour cette affaire mêlant ses connaissances de la faune et mon savoir-faire de la fabrication de la bière.
Quels sont vos défis quotidiens et les perspectives ces prochains temps ?
Comme pour toutes petites entreprises, la question des rentrées d’argent est toujours sensible. Puisque nous avons des ressources limitées, nous devons gérer les disponibilités des brasseries elles-mêmes et nos impératifs de brassage. Nous sommes actuellement à la recherche de distributeurs pour nos produits, ce qui m’éviterait de parcourir de longues distances pour les livraisons. De cette façon, je serais plus à même d’orchestrer plus efficacement le reste de l’entreprise et ses besoins. C’est un vrai défi de rester concentrer et de se tenir au calendrier mis en place. J’ai tellement d’idées pour l’entreprise que, parfois, je dois me forcer à la discipline et ne pas aller plus vite que la musique. Puisque je suis nouveau dans ce secteur, j’ai beaucoup à apprendre mais j’apprends de mes erreurs et espère bien être capable de prendre de plus en plus de bonnes décisions et ainsi permettre à mon entreprise de s’épanouir. Je pense que notre image de marque est forte et que nous produisons d’excellents produits. Plus les gens apprécient nos bières, plus ils passeront le mot autour d’eux ; nous vendrons alors plus de bières et, plus nous vendrons, plus grands seront les bénéfices reversés aux associations de protection de la faune et de la vie sauvage.
Quelques liens
- from the notebook website
- Marine Conservation society
- Butterfly Conservation
- British Dragonfly society
- People’s Trust for Endangered Species
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