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See on Scoop.it – Le presse-Minute de Cliophile
Le Compas publie pour la seconde fois, avec la Gazette des communes, des données sur les taux de pauvreté des 100 plus grandes communes de France, des chiffres inédits. Les taux s’échelonnent …
Parce que ça peut AUSSI faire partie de vos missions, comprenez votre territoire ! Ici l’analyse des taux de pauvreté, là (voir ci-dessous), les typologies de la pauvreté en France
via @Lagazettefr
See on www.lagazettedescommunes.com
« Selon les données de l’Insee, basées sur un recueil de 2011 et utilisant un seuil situé à 60 % du revenu médian, la France compte 8,7 millions de pauvres – ou 4,9 millions, si l’on utilise l’ancien seuil de référence de 50 % du revenu médian. Une population composée majoritairement de personnes jeunes, peu qualifiées, sans emploi et de familles. A ces grands groupes, s’ajoutent des publics, certes minoritaires en nombre, comme les personnes âgées, mais dont l’avenir préoccupe.
« Au mieux, on observe les taux de pauvreté, très rarement la composition de cette population démunie » regrette Louis Maurin, directeur de l’Observatoire des inégalités.
Effectivement, l’expression « les pauvres » renvoie généralement à un groupe que l’on imagine, à tort, homogène. Qui sont les 8,7 millions de pauvres de 2011 (les chiffres relatifs au taux de pauvreté monétaire en 2013 ne seront connus qu’en 2015) si on adopte, comme l’Insee, le seuil situé à 60 %, ou 4,9 millions avec un seuil à 50 % ?
14,3 % de la population totale – Quelle que soit l’option choisie, le nombre de personnes en situation de précarité augmente depuis le milieu des années 2000 et particulièrement depuis 2008 pour atteindre 14,3 % de la population totale (seuil à 60 %). En termes de revenu, les personnes concernées disposent (seuil à 60 %) de 977 euros mensuels si elles sont seules, de 2 052 euros pour un couple avec deux enfants en bas âge et de 1 270 euros pour une famille monoparentale avec un enfant.
[Lire aussi l’article de l’Observatoire des inégalités]
Les pauvres en France sont :
- Des moins de 25 ans. La pauvreté touche en premier lieu les enfants, les adolescents et les jeunes adultes. Les moins de 25 ans représentent 42 % de la population pauvre (seuil à 60 % du revenu médian) alors qu’ils représentent 30 % de la population totale.
Les mineurs sont pauvres car ils vivent dans des familles disposant de faibles revenus.
Au sein des territoires relevant de la politique de la ville, le taux de pauvreté des enfants dépasse 50 %.
« C’est pourtant en France », pointe l’Unicef (Fonds des Nations Unies pour l’enfance), « que les dépenses publiques pour la famille et l’enfance sont les plus importantes » (rapport Innocenti 2012). Sur ce critère de pauvreté des enfants, l’Unicef classe la France parmi les mauvais élèves européens, soit en 14e place sur 35 pays dits « riches ».
A son tour, le Conseil national des politiques de lutte contre la pauvreté et l’exclusion sociale (CNLE) s’est alarmé, en 2013, de cette situation au travers d’un avis soulignantque « les enfants pauvres d’aujourd’hui seront pour une large part, si rien n’est fait, les exclus de demain ».
La situation est tout aussi inquiétante pour les 18-24 ans, qui sont 24 % pour les femmes et 21 % pour les hommes à vivre en dessous du seuil de pauvreté (estimation du Conseil économique social et environnemental, 2012) et qui disposent du revenu le plus faible parmi les adultes.
[Lire aussi La pauvreté augmente fortement chez les jeunes]
- Des femmes. Les femmes sont 2,6 millions à être pauvres au seuil à 50 % du niveau de vie médian, soit 53 % de la population pauvre. Elles sont plus pauvres que les hommes à toutes les tranches d’âge de la vie (à partir d’un âge avancé, elles sont aussi plus nombreuses dans l’ensemble de la population).
- Des non-diplômés. Au total, 43,6 % des pauvres n’ont aucun diplôme et seulement 4,6 % disposent au moins du niveau bac +2 (le taux de pauvreté, au seuil de 50 % du revenu médian, des personnes sans diplôme est de 10,9 %, contre 3,3 % pour les bac +2, soit trois fois plus).
Ces chiffres soulignent l’importance de l’accès à la formation professionnelle et illustrent la problématique des inégalités engendrées par le système scolaire actuel.
« L’une des causes les plus associées au risque de pauvreté, que celle-ci soit transitoire, récurrente ou persistante, réside dans la sortie du système scolaire avant 17 ans », souligne le sociologue Olivier Galland, dans le rapport de l’Observatoire de la jeunesse, Inégalités entre jeunes sur fond de crise (2012).
- Des sans-emplois. Inactifs et chômeurs forment à eux seuls la moitié de la population démunie (le taux de pauvreté à 50 % du revenu médian atteint 23,7 % chez les chômeurs et 16,6 % chez les inactifs).
L’allocation de solidarité spécifique (ASS), destinée aux personnes privées d’emploi et sous certaines conditions aux chômeurs qui ont épuisé leurs droits à l’assurance chômage, a vu ses effectifs augmenter de 26 % entre 2008 et 2012 (données de Pôle emploi).
- Des couples avec enfants. Ces couples sont moins souvent pauvres que la moyenne nationale, mais étant très nombreux – 1,9 million-, ils représentent 40 % des personnes pauvres (taux de pauvreté à 50 %).
- Des familles monoparentales. Un million de personnes vivant dans une famille monoparentale, le plus souvent composée d’une mère et de ses enfants, sont pauvres (taux de pauvreté à 50 %).
Dans une récente typologie des allocataires du RSA, dressée par la Caisse nationale d’assurance maladie, le groupe des femmes jeunes, isolées, avec enfants, rencontrant des freins à la recherche d’emploi, comme l’absence de mobilité, se distingue nettement.
- Des travailleurs pauvres. Un million de personnes exercent un emploi mais disposent d’un niveau de vie inférieur au seuil de pauvreté (et 1,9 million si l’on prend en compte le seuil à 60 %). Un phénomène qui traduit le poids du temps partiel, synonyme de salaire modeste, et celui des « petits boulots », souvent exercés par les jeunes.
Ces grands groupes ne doivent pas masquer des phénomènes moins importants de par le nombre de personnes concernées et pourtant essentiels à suivre pour comprendre les phénomènes de pauvreté :
- Les plus de 60 ans. Globalement, la pauvreté des plus âgés a reculé selon une courbe inverse à celle des plus jeunes. Pourtant, certains vivent, notamment en milieu rural, avec de très bas revenus, souffrant d’une misère cachée donc difficilement repérable par les acteurs de l’aide sociale.
Comme le souligne Louis Maurin, « leur situation est particulièrement inquiétante car il est peu probable qu’elle évolue. Comment une personne de 70 ans pourrait-elle améliorer ses revenus ? Alors que les plus jeunes peuvent espérer, même si rien n’est facile, sortir un jour de la pauvreté ».
Dans sa typologie des allocataires du RSA, la Cnaf relève l’existence d’un groupe conséquent de plus de 55 ans, plutôt féminin. Des personnes logées en habitat précaire, qui cumulent difficultés dans leurs recherches d’emploi et soucis de santé et qui ont souvent à leur charge un proche invalide.
Le comparateur des revenus des personnes âgées, élaboré par le Compas en partenariat avec la Gazette des communes, la Gazette Santé-Social et l’Observatoire des inégalités (novembre 2013), permet d’affiner l’observation des revenu des 60 ans et plus à l’échelle de la commune et souligne des inégalités territoriales, le Nord faisant partie des régions les plus sinistrées.
- Les étrangers et les immigrés. Le manque de données – les enquêtes de l’Insee n’intègrent pas toutes la question de la nationalité – ne permet pas d’avoir une vision complète du lien entre origines et pauvreté. « Néanmoins, on estime que le taux de pauvreté des personnes étrangères ou immigrées est, en moyenne, 2,5 fois plus élevé que pour la moyenne de la population », commente Louis Maurin.
Ce taux est plus élevé pour les personnes originaires d’un pays d’Afrique que pour celles d’un pays d’Europe. Une pauvreté qui s’explique en partie par des caractéristiques sociodémographiques, notamment la jeunesse de cette population.
[Lire d’autres articles sur le sujet sur le site du Centre d’observation de la société]
Un public discriminé
Les acteurs de terrain mobilisés contre la pauvreté actualisent régulièrement ce portrait, notamment à travers leurs rapports annuels. Eux aussi cherchent à mieux connaître leur public, celui qui a recours à l’aide sociale et caritative, afin de mieux cibler leur action et d’alerter les pouvoirs publics.
Ainsi, le Secours catholique note une augmentation du nombre de personnes soutenues depuis 2012 (+0,6 %), mais surtout une dégradation de leur situation : le nombre de personnes sans aucune ressource augmente.
Bruno Tardieu, délégué général d’ATD-Quart-Monde, veut aller encore plus loin dans l’analyse, en cherchant à dépasser « cette sociologie des pauvres » pour attirer l’attention sur « ce qui les rassemble ».
« Aujourd’hui, ce qui distingue les pauvres du reste de la population, c’est la discrimination dont ils sont l’objet. Ils sont devenus des boucs émissaires, que l’on va jusqu’à soupçonner d’être responsables de leur situation. Un rejet qui s’est accentué en cette période de crise », explique-t-il.
Le délégué général d’ATD-Quart-Monde s’inquiète tout particulièrement de l’isolement dont souffrent les personnes précaires, isolement qui handicape leurs démarches d’insertion, et qui, également, ne leur permet pas de prendre une place dans la société.
« L’atomisation de l’emploi a été particulièrement préjudiciable pour les personnes modestes. Avant, en usine, les ouvriers avaient des possibilités d’échange, pouvaient entendre la parole des syndicats. Aujourd’hui, ils n’ont plus de lieux d’expression, ni de possibilités d’apprentissage de la prise de parole », analyse-t-il.
A la veille des élections municipales, Bruno Tardieu aimerait que la question de la participation des pauvres au débat public soit soulevée : « Depuis quelque temps, on voit que des personnes en situation de pauvreté, par exemple des bénéficiaires du RSA, sont invitées à participer à des rencontres institutionnelles, c’est une bonne chose. Je pense notamment à l’expérience du 8ème collège menée par le Conseil national des politiques de lutte contre la pauvreté et l’exclusion sociale (CNLE). Mais on n’a pas réfléchi à leur formation, ni à l’organisation formelle de leur mode de représentativité. Il ne faudrait pas que leur présence serve d’alibi ».
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