Quelques repères :
De nos jours, presque toutes les institutions veulent que leurs publics soient toujours plus engagés et participent (« aiment » leurs pages Facebook). Si un si grand nombre de structures sont conscientes de cet important élément qu’est la médiation c’est grâce aux différentes études mais également aux fers de lance qui se sont battus pour faire rentrer ces notions dans les structures culturelles et ont monté tant de projets participatifs. Parmis eux, se trouve Mar Dixon, spécialiste des médias sociaux et du développement des publics. Elle a crée et gère Teens in Museums, Museum Camp, Culture Themes et MuseomixUK (dont la première édition britannique a eu lieu à Ironbridge Museums les 8 et 10 novembre 2013). Je vous propose ce mois-ci le portrait de cette femme hyper-active, toujours son smartphone à la main pour faire deux choses en même temps, qui gère plus de comptes sur les réseaux sociaux que de caracteres autorisés dans un tweet et incomparable maître dans l’art de lier inventivité et … gateaux !
Penses-tu que ta formation américaine te permet d’approcher sous un autre angle tes actions culturelles que ne le ferait un britannique ou, selon ce que tu as pu observer durant l’édition lyonnaise de Museomix en 2012, les différences se placent en fait plus entre les mondes anglo-saxons et européens ?
Je ne suis pas certaine que ce soit plus mon éducation américaine que grandir dans une grande famille, où on doit réagir rapidement et être créatif pour avoir à la fin un résultat. Quand j’étais à Lyon, je n’ai pas compris un traître mot de français mais il était aisé de voir comment les prototypes pouvaient être appliqués en Grande-Bretagne (et partout ailleurs !)
La question principale est néanmoins la même, qu’importe la question de la langue, de la culture ou du milieu : l’argent. Monter une plateforme où tu dis aux gens « Bon, sortons la question de l’argent de l’équation un moment et concentrons-nous sur ce que l’on veut faire *maintenant* » est un excellent moyen pour faire place à de réelles réflexions créatives.
Penses-tu qu’il y a eu une véritable évolution dans la manière de travailler et concevoir la Culture depuis le début de ta carrière ou le monde de la Culture reste installé sur les mêmes bases ?
Il y a un grand changement ces 4-5 dernières années, principalement dû à la possibilité d’aller chercher les gens via les réseaux sociaux. Ca a pris du temps mais le monde de la Culture commence enfin à voir les avantages d’y jouer le jeu et pas seulement d’y émettre des informations (bon, il y a certes encore un peu de travail pour arriver à ce point mais, au moins, ils ont créé leurs comptes !)
Il y a deux choses à prendre en compte avec les nouvelles technologies et les publics :
a) le monde culturel
b) les publics
a)Le monde culture (comme les musées par exemple) a pour objet la conservation, l’Histoire et la narration du passé. Ils travaillent donc à un rythme différent puisque, eh bien, en théorie le passé ne va aller nulle part. Maintenant, passons à b)Les publics. Ils sont connectés quasi 24/7 et attendant des réponses immédiates à des questions qu’ils pensent n’être ni idiotes ni évidentes. La technologie comble ce fossé (par exemple avec la journée #AskACurator)
Mais à présent, nous avons un déplacement des rôles :
Maintenant, b) les publics apportent les technologies (avec une meilleure et plus rapide connaissance des savoirs et des solutions) au monde culturel. Au début, il y a eu un véritable effet de recul et, d’une certaine façon, cela est toujours vrai. Prenons l’exemple des smartphones : il a fallut que les publics les amènent au musée pour qu’ils soient vu, compris et pris au sérieux. J’y vois le même phénomène se répéter avec les technologies « mettables » (wearable technology)
Penses-tu que Teens in Museums, Museum Camp et Museomix sont une forme aboutie de participation des publics ou seulement une proposition vers de futurs autres moyens d’impliquer les publics ?
Ce sont des premiers pas et, pour être honnête, je ne suis pas convaincue de la direction que prend le chemin ! Je sais seulement que nous devons continuer à essayer surtout qu’à présent, ces projets fournissent une plateforme pour les gens qui veulent prendre la parole et être entendus et, ça, c’est le plus important.
Par ailleurs, si ces événements permettent de faciliter débats et discussions, de sortir le monde culturel de ses murs et de comprendre le point des publics, c’est une bonne chose n’est-ce pas ?
Quelques liens …
Mar Dixon sur les réseaux :
@MarDixon :
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