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On pourrait appeler cette semaine qui vient de s’écouler les « 9 jours de la Culture ». En effet, entre la soirée Muséomix du 24 janvier dernier, le SimeSitem 2013 des 29, 30 et 31 janvier, la conférence-débat du CNRS le 30 janvier et le CLIC qui fait salon ce vendredi 1er février, l’actualité dans le monde des musées et de la Culture de manière générale est dense !
Sur proposition de Gayané Adourian de Knowtex, me voici à apporter ma modeste pierre à cette semaine résolument tournée vers les évolutions et les bouleversements constants que subit le monde culturel et … les réponses qu’il apporte !
Le bal ouvre donc avec la soirée du 24 janvier qui avait pour objectif de rendre compte de l’édition 2012 de Muséomix au musée de Fourvière ainsi que parler de l’avenir et particulièrement l’édition 2013 … internationale ! Vous trouverez le résumé de la soirée par Christelle Fritz et l’interview de Julien Dorra par Clio Meyer (pour Knowtex) ainsi que la présentation-compte-rendu de l’édition 2012 ici.
Ce qui me semble particulièrement intéressant à relever de cette soirée est :
– la notion de rendre-compte. Non pas pour s’excuser ou prouver (le battage médiatique que fait Muséomix l’en dispense) mais plutôt de poursuivre un peu l’aventure avec ceux qui ont participé de près ou de loin à l’édition ainsi que d’expliquer à nouveau et plus précisément ce qu’est Muséomix et ses différentes évolutions au fur et à mesure des éditions.
– l’ampleur que prend Muséomix. En effet, l’édition 2013 se veut internationale et synchronique. Avec ce premier volet de l’ampleur géographique que prend Muséomix, il faut rajouter également l’ampleur des partenariats (il suffit de voir la fin de la page d’accueil pour faire pâlir d’envie un sapin de Noël !) mais surtout la dimension marque que prend Muséomix ! En effet, le déploiement géographique pour l’édition 2013 le prouve : une même procédure pour tous les participants et un modèle (reporting, structures des équipes, découpage du temps, …) à appliquer au sein de son établissement muséal … dans la mesure du possible !
On se retrouvera donc les 8,9 et 10 novembre prochains avec des amateurs et professionnels des technologies, du web, des réseaux sociaux, de design et un peu de culture travailler sang et eaux sur des projets pour lesquels ils n’auront qu’un jour et demi réellement de travail mais avec le sourire aux lèvres d’avoir vécu une expérience si dense et forte … Bon, c’est très bien tout ça, ça fait rentrer des idées, proposer de REvoir son institution, de connecter des habitants et professionnels d’une même région (l’exemple de Lyon semble être assez révélateur) et même étonner (à nouveau ?) ses publics. Mais quid des organisateurs au musée ? Que retiennent-ils ? Qu’en 3 jours on peut faire un méga buzz et avoir plein de nouvelles technos (au contenu culturel parfois TRES relatif) pour quasiment rien ? Est-ce que cela va les amener à engager un professionnel des contenus culturels utilisant le multimédia et internet ? Cela va-t-il même être un véritable argument auprès des décideurs (et financeurs !) locaux ?! Et les participants tournés technologies auront-ils à présent moins peur de rentrer dans un musée ? Voudront-ils trouver le temps pour effectivement y aller ? Auront-ils l’idée de proposer projets et services au « musée vieillot » qu’ils auront visité ? Et retiendront-ils qu’une installation sympa et étonnante ne doit pas faire l’impasse sur la rigueur scientifique et n’implique pas nécessairement technologies numériques ?
Je suis mille fois pour le principe des Hackathon, MakeLab, FabLab et autres expériences d’ateliers communs où l’on cherche à proposer de nouvelles idées à un sujet donné et ce dans un temps limité mais ce qui m’a toujours dérangé avec Muséomix c’est de faire croire à un seul stéréotype de musée (le vieux musée empoussiéré), qu’il n’y a qu’un seul type de solution à son mal (la PantzerDivision de la technologie) et que c’est facile, rapide et gratuit. Cela me dérange parce que c’est faux (en tous points), parce que nombre de professionnels des musées sont la preuve vivante qu’il se passe des choses dans les musées (et ailleurs dans la Culture) et que certes ce n’est pas facile de faire rentrer de la nouveauté mais que petit à petit, telles les vagues sur une falaise, ils arrivent à leurs fins et que oui, ils savent ce qui existent mais surtout ils savent comment appliquer toutes ces propositions et comment elles peuvent être adaptées aux champs culturels ! Evidemment, toutes les institutions muséales n’ont pas la chance d’avoir des professionnels de la médiation -qu’elle soit numérique ou pas- mais de là à dire comme s’en gargarise Julien Dorra que grâce à Muséomix le « dépoussérage des musées n’est pas fini mais il est quand même en bonne voie » est la preuve d’une méconnaissance et d’un mépris de ce que sont réellement les musées et ses professionnels.
[MaJ] Ce bout d’article concernant Muséomix a permis de déclencher pas mal de discussions et m’a ainsi permis d’appréhender d’une manière encore renouvelée la question de Muséomix et plus largement de ce qui se faisait dans les différentes sphères, qu’elles s’appellent « museogeeks », « amateurs » ou encore « professionnels » …
L’environnement de travail dans lequel sont plongés les mondes de la Culture -mais cette remarque est vraie pour tous les autres champs professionnels- est tellement dur et frustrant que nous avons peut-être pris un peu trop l’habitude de préjugé négativement (ou tout du moins avec beaucoup de prudence) tout en mêlant un « fol espoir » et un très grand intérêt pour les nouveaux projets qui apparaissent. Cela est dommageable surtout quand ces projets, loin de suivre les procédures habituelles, proposent également de nouveaux modèles (ou du moins approches) de leur nature-même. Ainsi, si l’on prend l’exemple de Muséomix, il est certain que beaucoup de choses -et tant en positif qu’en négatif- sont à dire mais là où le bât blesse (et clairement ça a été mon cas) c’est qu’au lieu de prendre cet « objet » qu’est Muséomix comme une émanation directe des univers Do It Your Self et hacklabs (pour simplifier : ça ne te plaît pas ?! Eh bien propose ton idée et surtout, évitons les lourdeurs d’un « travail classique », essayons de nous amuser !) eh bien le mouvement de quelqu’uns (et j’en faisais partie) a été de prendre cet objet comme un élément finit et concurrentiel, notamment par son caractère libre et explosé sans véritable ligne précise. Or, si la méfiance peut mettre son nez dans ce qui nous entoure, elle nous empêche parfois de voir des occasions. Muséomix n’est pas un produit finit mais une matière vivante qui a beaucoup de défauts mais qui porte potentiellement en elle (et d’autres qui ont tout à fait éclos) des éléments passionnants et pertinents si l’on veut continuer de faire de la Culture et de nos violons d’Ingres des éléments vivants. Changer d’angle de vue, insuffler plus de liberté et d’approches « amateur » à nos métiers, proposer, ne pas se censurer, … le soleil d’Avignon était certes fort et magnifique, il m’a surtout permis d’ouvrir les yeux sur le fait que ce que Yannick Vernet a proposé avec ces 2 journées mêlant transversalité, volonté et contraintes qui deviennent des atouts avec des professionnels de différents champs, des étudiants et des curieux, était LA bonne voie !
Deuxième événement : le SimeSitem 2013. Le SimeSitem est un salon d’exposants, professionnels des services autour des missions des musées et institutions culturelles. On y trouve donc un panel de métiers très large, depuis le fabriquant de vitrines au prestataire de services numériques en passant par le dératiseur, le vendeur de casques audio, applications mobiles, audio-guides, projections lumières et sons. On trouve également certaines institutions en devenir (comme le musée de la Romanité à Nîmes) ou des projets de recherches et développement comme le travail d’enrichissement de contenus et valorisation sur les maquettes du musée des Ducs de Bretagne (Nantes). Le SimeSitem ce sont également des conférences dont celle, le premier jour, menée par Nancy Proctor (Smithsonian Museums) sur le sujet « L’innovation est-elle possible dans les musées ? ». Pour ceci, on a pu entendre son point de vue ainsi que celui de ses invités : Roland Topalian, Agnès Vincent, Simon Houriez, Vincent Puig, Geneviève Vidal, Gilles Duffau et Yves-Armel Martin. (vous pouvez retrouver le storify de l’événement ici).
Autres conférences auxquelles j’ai assisté : « Fundraising et mécénat : un investissement stratégique au service du service culturel« et « Réconcilier le marketing et les acteurs culturels« . Si vous êtes intéressés, vous pouvez accéder aux présentations en cliquant sur la conférence qui vous intéresse ainsi qu’en lisant le storify fait par Sophie Tan-Ehrhardt. Si la première conférence du 29 matin était plutôt intéressante notamment en donnant quelques clés de compréhension et quelques « trucs et astuces », la seconde conférence était un four complet. L’objectif affiché : réconcilier marketing et culture. Raté ! Pour que cela réussisse (et vous avez pu lire à quelques reprises l’intérêt que je porte à cette question-là), il aurait été intéressant de faire intervenir des orateurs qui connaissent effectivement le milieu culturel. Aussi étonnant que ça puisse paraître, oui on fait déjà des questionnaires et études de publics dans les musées, oui on sait que nos publics ne sont pas des moutons de Panurge et qu’ils sont tous différents, oui on sait utiliser les réseaux sociaux … et oui, quand on parle de consommation et de client au lieu de visite et de publics, oui … ça énerve et braque ! Même moi qui suis persuadée qu’une bonne incorporation de certaines techniques de communication et marketing dans les champs culturels est nécessaire et utile eh bien même moi j’étais devenue contre ces hommes présomptueux de leurs connaissances et la preuve tangible d’une incapacité d’adapter leurs discours (et a fortiori leurs solutions et services) au milieu culturel… Bref, totalement contre-productif mais qui malheureusement risque là aussi de faire plus de tort que de bien …
Dernière étape de mon tour culturel (les rencontres du CLIC étant décemment trop chères pour me permettre d’y aller), la conférence-débat autour de la publication de Les musées au prisme de la communication au CNRS, Collège de l’ISCC. Vous pouvez accéder à mon compte -rendu de cette conférence (en présence de Cécile Lestienne, Paul Rasse, Yves Girault, Adel Ziane, Bruno Saunier, François Mairesse et Joëlle Le Marec) sur le storify suivant. Pour résumer, cette soirée a permis d’entendre beaucoup d’analyses fines et permettant de bien éclairer la situation … sauf quand ils ont commencé à aborder la question du numérique qui semble bloquer tous les orateurs légitimés par l’Université et le Ministère. Désespérément il y a vraiment un très long chemin d’évangélisation mais surtout d’explications de ce qu’est la réalité et des possibilités que représentent le numérique et les réseaux sociaux ! #Courage! … ou plutôt [mot-dièse]Fuyons! …
On le voit, la Culture est traversée de débats, d’essais, d’évolutions, de tensions mais surtout d’interrogations ! Cette semaine a pu montrer par l’hétérogénéité des sujets soulevés la pluralité des solutions expérimentées, proposées ou installées. Je tiens à attirer également votre attention sur les trois événements à venir très prochainement -et qui ne se passent pas à Paris :
– le « Workshop multiplay » que la fondation Vasarely d’Aix en Provence organise du 5 au 8 février
– les deux journées d’études AGCCPF PACA des 14 et 15 février sur le thème « fabLab, MédiaLab, hackspace et culture » à Avignon
– le forum régional : « Les musées à l’heure numérique » au LaM de Villeneuve-d’Ascq le 15 février prochain
Ce qui ne bouge pas est mort … et clairement, cette semaine de rencontres, de professionnels et amateurs de la Culture proposant de nouveaux usages et nouvelles idées et les mois qui suivent le prouvent : la Culture n’est on ne peut plus vivante !