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Les 30 novembre et 1er décembre dernier se tenait au Luxembourg un colloque intitulé comme le titre ci-dessus (et ce n’est pas un hasard … 🙂 « Parlons musée ! Panorama des théories et des pratiques ».
Ce colloque, organisé par l’université du Luxembourg (le Laboratoire Langue et littérature françaises pour être plus précise), a certainement été l’un des meilleurs auxquels j’ai pu assister ces dernières années ! Pertinent, pas verbilleux, complémentarité des angles de vues des orateurs, savant mélange entre la théorie et la pratique, … bref : un excellent moment, très enrichissant, auquel il faut ajouter le formidable accueil dont on a bénéficié et les rencontres passionnantes avec des professionnel(le)s de différents horizons ! Oui, c’est ce que l’on appelle une critique dithyrambique mais je pense que Sophie Tan-Ehrhardt ne me contre-dira pas sur la qualité et la chaleur de ce colloque.
Bon, de quoi parlait ce colloque ? Quel en était le programme ? Qu’ont dit les intervenants ?
Afin de vous proposer le meilleur aperçu de ce colloque « estrangié », Sophie et moi avons tweeté sur place (oui, parce qu’il y avait du wifi dans la salle …) mais également pris des notes afin que vous puissiez en profiter également. Pour l’instant, nous n’avons pas encore réussi à récupérer les présentations des intervenants mais si tel était le cas, elles seront intégrées aux comptes-rendus.
En attendant et afin de ne pas avoir à lire 14 pages de textes, voici le programme des interventions de ce colloque, interventions auxquelles vous pouvez accéder soit dans leur totalité, soit en cliquant sur celle qui vous intéresse* :
Vendredi 30 novembre :
– Discours d’ouverture
– Conférence inaugurale : La « muséologie » pour penser l’évolution des musées ? (Jean Davallon)
– Session plénière : L’objet de musée : le collectionner, l’étudier, le protéger, le comprendre
*Pour une nouvelle approche de l’histoire des musées (André Gob)
*Anthropologie, musées et multiculturalisme, nouvelles stratégies pour les musées ethnologiques (Xavier Roigé)
*Sémiotique, esthétique et musée d’art (Marie Renoue)
– Table-ronde : Apports et formes des réseaux de musées
Participants : Jean Reitz, Franck Schroeder, Jo Kox, Emmanuel Landas, Françoise Gohy, Eva Keller
– Table-ronde : Les médiateurs et les médiations de l’art moderne et contemporain
Participants : Claire Lahuerta, Laurent Le Bon, Enrico Lunghi, Kevin Muhlen
Samedi 1er décembre
– Session plénière : L’exposition : édiations, dispositids et événements
*Médiations muséales et évolutions des dispositifs d’aide à la médiation ; accompagnement de visite par des médiations qui sortent de l’exposition (Michèle Gellereau)
*L’essor des expositions temporaires (Jean-Michel Tobelem)
*Peut-on envisager de nouvelles formes de muséologie et de médiation pour les musées et les expositions (André Giordan)
– Table-ronde : Tout un panel de médiations au musée : quelles offres, quels avantages, quels problèmes ?
Participants : Marie-Paule Jungblut, Carine Welter, Sonja Kmec, Gianna Thommes
– Session plénière : Le musée et ses publics : cibler, comprendre, évaluer
*La prise en compte des publics au musée de la civilisation de Québec (Lucie Daignault)
*Approche psychologique des visiteurs (Jean-Christophe Vilatte)
*Le Committe for Education and Cultural Action de l’ICOM : une organisation mondiale pour la qualité de l’éducation muséale (Emma Nardi)
– Table-ronde : Concevoir un projet d’exposition au Luxembourg pour divers publics
Participants : Patrick Michaely, Jean-Luc Mousset, Anke Reitz, Danièle Wagener
– Conclusions et perspectives (Gaëlle Crenn)
*Notez que ces notes de présentations ne sont pas totalement dues à ma plume mais également au concours de Marie Van Cranenbroeck (Université Catholique de Louvain).
Pour ce qui est à présent de mon sentiment sur ce colloque et l’intérêt de son contenu, voici trois points de conclusions :
1) Le sujet du colloque « Parlons musée » était de pouvoir échanger différentes pratiques, observations et problématiques dans les régions francophones. Ce caractère international était très enrichissant car il permettait de connaître différents types de situations et de questionnements. En effet, le caractère transnational n’a pas empêché un ancrage très local (voire micro-local) des exemples.
2) Durant ce colloque, les débats et discours ont été ballottés entre les publics (qui sont-ils ? quelles spécificités ?), les médiations (définitions, enjeux, expériences locales) et les méthodes (méthodes universitaires, professionnelles des musées, professionnels de la culture, mise en commun des moyens, …). Le numérique n’a pas fait l’objet d’une table-ronde particulière mais a irrigué les différents discours. On retrouvait bien évidemment les peurs que celui-ci (notamment sous sa forme de réseaux sociaux mais également dans sa possibilité de copier virtuellement les collections et ainsi « tuer » le musée en le remplaçant) mais également la circonspection envers les outils sociaux et la nécessité d’outils numériques/multimédias in situ. Mais par ailleurs, on a pu entendre également (que ce soit sur scène ou dans le public, notamment par le biais de vos serviteurs ici présents) l’importance que ces outils et possibilités revêtent dans un travail en direction des publics et même des exemples fins et pertinents, « des exemples qui marchent ». Bref, très intéressant, surtout pour des Françaises comme nous qui avons un peu trop pris l’habitude soit d’entendre des décisionnaires totalement réfractaires à ces questions soit les voulant à n’importe quel prix, sans de réelle pertinence quant à la médiation.
3) Enfin, et ceci a sans nul doute été la grosse surprise (très agréable) de ces journées professionnelles : la facilité décomplexée avec laquelle des décisionnaires d’institutions et de réseaux utilisent des termes comme marketing, marque, « petits » et « grands » musées, … Ceci est particulièrement étonnant quand on se rappelle le tôlé qu’avait généré l’utilisation du mot « marque » lors des premières rencontres numériques en … 2011 (Gaîté lyrique). Entendons-nous bien : il ne s’agit pas pour ces Belges, Canadiens, Italiens ou Suisses (puisque bien sûr il n’y avait aucun Français à utiliser ce vocabulaire) de vendre au plus cher la Culture ou leurs collections ! Il s’agit au contraire de permettre d’appliquer les objectifs de démocratisation de la culture et de diffusion auprès du plus grand nombre en utilisant des techniques qui existent déjà, qui ont fait leurs preuves (à tel point qu’elles structurent nos sociétés) mais des les ADAPTER au secteur culturel –et même : à leurs collections et spécificités ! Bref, il semblerait donc bien que ces vocabulaires banni de la bonne société culturelle ne soit qu’un problème franco-français et même que ce lexique n’ait pas entraîné dans les profondeurs abyssales la qualité et l’intégrité de la culture dans ces pays.
Bref, ce fut un colloque vraiment enrichissant, de très bonne qualité et à l’accueil très agréable grâce à un comité du tonnerre, mené avec brio par Céline Schall !