Ceux qui s’intéressent aux questions du web marketing sont déjà, sans nul doute, au courant de cette nouvelle : Facebook a arrêté ce mois de janvier les recherches organiques. Le « commun » des utilisateurs souffraient déjà des changements de cet algorithme quand ils réalisaient que leurs timelines étaient à présent « filtrées » afin que « News Feed is designed to show each person on Facebook the content that’s most relevant to them« . En gros, vos « amis » disent des choses pas assez intéressantes pour apparaître sur votre précieux mur … Cela peut être, pour certains, pas vraiment une surprise (voire parfois vrai) mais pourtant vous avez toujours autant de contenu sans intérêt… parmis lesquels se trouvent de plus en plus de « posts sponsorisés ». On se demande donc ce qui peut faire un post « pertinent » à l’aune facebookienne ? Et comment un algorithme peut-il décider de la pertinence d’un contenu textuel ou d’un message multimédia ?
Les nouvelles règles de Facebook (dont celles qui concenent de « pousser » les contenus vidéos en avant, se déclanchant automatiquement, ce qui est particulièrement énervant quand vous naviguez à travers les applications mobiles, ce qui concerne un nombre très important d’internautes !) sont déjà matières à désagrément pour les utilisateurs « lambdas », voici que cela touche à présent les marques. En effet, à présent, vous avez à peu près aucune chance d’apparaître sur le mur de vos fans si vous n’avez pas payé Facebook pour ceci. Pour faire court, une fois encore, non, les réseaux sociaux ne sont pas gratuits !
Le problème se situe entre l’utilisateur-producteur et l’attitude de la plateforme ; ce n’est certes pas nouveau mais de plus en plus sensible. En temps que producteur de contenus, vous passez du temps (et, en quelque sorte voire littéralement, dépensez de l’argent) à ajuster votre contenu, votre message, votre création à votre audience. A ce niveau, il n’y a pas de différence, selon moi, entre le professionnel employé par une entreprise, un artiste ou même l’utilisateur « lambda » : tous ici créent quelque chose, le publie sur un réseau social comme Facebook (mais cela est vrai également des autres), le partage et le diffuse dans le réseau que vous avez vous-même constitué. Et puis, à la fin, vous apprenez que ce contenu n’est pas votre propriété, cela ne vous appartient pas mais au réseau que vous avez utilisé et qui, à tout moment, peut supprimer de la plateforme votre contenu, sans aucune autre explication qu’un message automatique. Cela en est à un point si absurde qu’il est souvent plus facile de diffuser un message appelant au Djihad que de plublier une photo d’une statue grecque (ou toute autre oeuvre d’art) ou même une campagne de prévention contre le cancer du sein … Donc, en résumé, vous êtes le coeur du fric que fait le media, sans vous, vos actions ou votre contenu, ce média ne pourrait exister mais vous n’êtes en rien le propriétaire de votre production intellectuelle et vous devez accepter, sans rien dire, le réglement de ce média (par exemple, qu’importe que vous soyez en France ou au Nicaragua, en tant qu’utilisateur vous n’avez aucun droit et si vous voulez vraiment les poursuivre devant un tribunal, celui-ci ne peut être celui de votre pays mais un de Californie !)
« Dites #Facebook, @markzuckerberg et @sherylsandberg, vous croyez vraiment qu’on peut écrire un poste qui se termine par #JeSuisCharlie et, dans le même temps, interdire une publicité pour un musée où figure une statue antique d’un homme nu et dont on voit le sexe ? Sérieux … »
Par ailleurs, vous pouvez lire sur le site officiel de Facebook à quel point les fans sont une véritable source de richesse : « Fans absolutely have value. Fans make your ads more effective. […] You can use insights about your fans […] Fans can give your business credibility […] Fans may represent your best customers ». Il est donc évident que les « fans », donc soyons clair (presque) tous les utilisateurs de Facebook (robots exceptés) valent de l’or. Et Facebook fait de l’argent sur notre dos. Bien sûr, ceci n’est pas un scoop ! Et l’adage « si c’est gratuit c’est que tu es la marchandise » est plus que jamais vrai !
Non, la question que l’on doit se poser à présent est plutôt comment peut-on utiliser à présent les médias sociaux ? En effet, nous avons tous utilisés Facebook (et les autres réseaux) comme cela nous arangeait, nous avons utilisés ces plateformes selon nos propres idées et intérêts, comme des solutions pour amplifier et diffuser nos échanges, discussions et contenus. Les marques les utlisaient comme des méta-journaux, les institutions (culturelles ou associatives, …) comme une manière d’exister et de partager leurs contenus, les amateurs pour partager leurs connaissances et organiser leurs activités et les autres utilisateurs pour partager des contenus lol/beaux/révolutionnaires/drôles/de réussite/… et en parler (un peu comme une extension du tchat MSN Messenger). Mais la liberté des débuts est de moins en moins accessible ; alors quelle est la prochaine étape ?
Nous sommes libres d’utiliser toutes les platefornes et réseaux sociaux que nous souhaitons (sauf dans les pays où la liberté d’expression est vue comme un grave danger pour l’identité du pays) donc nous ne sommes liés à un réseau plutôt qu’un autre mais, il y a la force des habitudes et surtout, nous voulons être là où se trouvent les autres !
Par ailleurs, le nombre de contenus créés et partagés grandit de manière exponentielle, chaque minute, donc nous sommes obligés de passer par des méga-hubs pour atteindre un petit nombre de lecteurs ! Cependant, Facebook aussi est touché par cette marrée de contenus partagés :
« Il y a à présent bien plus de contenus qui se créent que de temps pour les visionner.
En moyenne, 1 500 histoires peuvent apparaître sur le mur d’une personne
à chaque fois que celle-ci se connecte à Facebook. Et pour les gens qui ont
beaucoup d’amis et qui suivent beaucoup de pages, cela peut monter
jusqu’à 15 000 pour chaque connexion. »
Alors, est-ce que la solution serait de créer de nouveaux espaces ? Beaucoup ont essayé et ont souvent échoués (par example Google+ ou Ello). Cela ne signifie pas que tout espoir est perdu et échouera indubitablement mais même pour la plus grande entreprise internet c’est dur et terra ingognita. Bien sûr, d’autres solutions existent, parmi lesquelles arrêter totalement les réseaux sociaux ou de les utiliser mieux et avec plus d’ingénuosité, mais, cette nouvelle étape nous force à repenser nos positions, celles de notre structure en temps que professionnels et de continuer à créer et imaginer de nouvelles solutions (même avec des outils « anciens ») !
Peut-être que notre prochain slogan sera
« inspiré par le hacking, créé par nous, avec vous ! »
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