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Remodeler l’Histoire, au pixel près | Knowtex.
Ici, on parle de modélisation de patrimoine bâti disparu (Varsovie) et d’itinéraires à travers le monde antique. Très intéressant et à rapprocher de ce qui a déjà été commencé il y a presque 15 ans et des travaux actuels du CNRS (présentés lors du #FENS2012)
Article de RSLN via Knowtex
Qu’il s’agisse des musées, pour faire ressurgir le patrimoine ancien, ou deschercheurs pour mieux comprendre et étudier les modes de vie de nos ancêtres, le numérique apporte des solutions nouvelles à toute une génération d’explorateurs de l’Histoire. Voici, en images, deux projets revisitant le passé avec les technologies du présent… pour éclairer le futur.
> Les ruines de Varsovie en 3D
1944. Devant l’avancée de l’Armée Rouge qui s’apprête à libérer la Pologne de l’occupant allemand, les habitants de Varsovie organisent une insurrection qui, espèrent-ils, les placera en position de force pour négocier le sort du pays avec l’URSS.
Mais l’initiative tourne au désastre. Après deux mois de combat la révolte est matée, et la ville détruite : plus de 160 000 Varsoviens ont péri, et les survivants sont en grande partie déportés. Entre les destructions liées au combat et celles, punitives, ordonnées par Hitler juste après la fin des hostilités, plus de 85% de la ville est en ruines.
Peut-on faire revivre cet épisode traumatisant de l’Histoire de la Pologne à des fins muséales ? C’est le pari fait par le Warsaw Rising Museum, qui a réuni une fondation et un studio de modélisation 3D autour d’un film reconstituant la ville en 1945.
Sur une trame orthophotographique de la ville – une image aérienne rectifiée pour être appuyée sur une carte, qui a servi de base – les graphistes du studio Platige Image ont patiemment reconstruit le visage de la ville en ruines en images de synthèse, à partir de nombreux documents d’archives : plusieurs milliers de photos d’après-guerre, dont plus de 600 vues aériennes soviétiques. « Une attention toute particulière a été accordée à la reconstitution du ghetto de Varsovie », explique Krzysztof Jaszczyński, qui a participé au projet pour la fondation Warszawa1939 :
« L’un des défis de la phase initiale du projet était de trouver des descriptions et des photos en couleur, afin d’établir les couleurs de la ville ainsi que le degré de couverture par les arbres. Il fallait aussi repérer des zones où les bâtiments et les monuments se détachaient bien du paysage visible de l’avion, pour les confronter avec les photos aériennes de la Varsovie contemporaine ».
Et le résultat est plutôt bluffant : pour une immersion totale, nous vous recommandons cette vidéo, à regarder en haute définition et en mode plein écran.
Voici également la bande annonce du projet :
Et pour voir d’autres images, c’est par ici.
> Modéliser la gloire de Rome
Paris-Marseille en TGV ? Comptez trois heures. Et du temps des Romains ? Là, il vous aurait fallu un peu moins de 23 jours, à condition devarier les moyens de transport :
Partez à pied où à dos de mule jusqu’à Cabillonum (Châlon), où vous embarquerez sur la Saône. En rejoignant le Rhône à Lugdunum (Lyon), jusqu’à l’embouchure du fleuve, vous rejoindrez ensuite Marseille par la côte méditerranéenne.
C’est du moins l’itinéraire le plus rapide parmi les trois que propose ORBIS, sorte de « Bison futé » du monde Romain qui aurait fait pâlir César d’envie, s’il avait pu bénéficier des dernières technologies de modélisation cartographique. Notez que pour cinq deniers de moins par kilogramme de chargement – mais neuf jours de trajet supplémentaires ! – l’itinéraire le moins cher vous aurait tout d’abord fait remonter la Seine jusqu’à Augustobona (Troyes). Tandis qu’en choisissant le plus court chemin, vous auriez parcouru les 937 kilomètres sur voies romaines.
Ce projet de l’Université de Stanford vous propose donc de voyager parmi des centaines de villes antiques, tout autour du bassin méditerranéen. Il est parti d’un constat réaliste : couvrant un neuvième de la circonférence de la Terre, à cheval sur trois continents, l’Empire romain régnait sur un quart de l’humanité à travers des réseaux complexes de pouvoir politique, de domination militaire et d’échanges économiques. Ces liens importants ont été soutenus par les technologies de transport et de communication pré-modernes qui comptaient sur l’énergie produite par le corps humain et l’animal, les vents et les courants.
Le problème des cartes classiques, c’est qu’elles ne parviennent pas à saisir les contraintes environnementales qui régissent les flux de personnes, des biens et des informations. Le coût, plutôt que la distance, est le principal déterminant de la connectivité. Pour donner à comprendre le modèle de développement des Romains, ORBIS reconstruit donc le coût, en temps et en argent, associé à un large éventail de déplacements dans l’antiquité. Le modèle est basé sur une version simplifiée de l’immense réseau de villes, routes, rivières et voies maritimes qui encadraient les communications à travers l’Empire romain.
Une immense bibliothèque de données nourrit l’application, qui intéresse évidemment au-delà du petit cercle des initiés à l’histoire antique : comprenant tout l’intérêt que le modèle d’ORBIS peut susciter auprès des concepteurs dejeux vidéo, un autre projet de l’université de Stanford, ORBIS|via, imagine déjà des éléments de ludification de cette infrastructure logicielle, en vous glissant dans la peau d’un voyageur. Et demain, l’introduira-t-on dans une interface de jeu en trois dimensions ?
Pour finir, soyons honnêtes : il y a aussi de quoi faire rêver le quidam de 2012 dans ce logiciel. Les services de calcul d’itinéraires dont nous disposions aujourd’hui commencent à peine à gérer la multi-modalité – c’est-à-dire, à permettre de combiner plusieurs moyens de transports sur un même trajet. Nous n’avons donc pas fini d’explorer tout le potentiel d’optimisation de nos déplacements : un peu comme ORBIS, les services de demain devraientcroiser de plus en plus de données pour nous offrir des scénarios de mobilité complexes, qui fluidifieront nos déplacements dans la ville en jouant sur la pléthore de moyens de transport dont nous disposons.
Ainsi, ce que révèle ce projet au-delà de son contexte historique, c’est peut-être un peu du formidable potentiel que le mouvement d’ouverture des données est en train de mettre à portée de nos mains.