Nous voici en septembre et, chanceux nous sommes, nous avons le droit au second « début de nouvelle année », entendre l’année scolaire, même si on n’y est plus (depuis plus ou moins longtemps !). Cette période est un moment d’excitation (il est vrai que le froid et potentiellement la neige ainsi que votre indigestion des différents repas/fêtes/chocolats de fin d’année n’aident effectivement pas à être aussi festifs au début de janvier), de prospective, d’espérances et … de travail ! Oui mais voilà, cmment fait-on, dans une société où le travail a une telle importance mais ressemble de plus au plus à la recherche du Graal (par Indiana Jones, culture histoire-de-l’art-we-rock oblige) et que dire si on veut, en plus, travailler dans notre branche d’activités, celle pour laquelle on a fait des années d’études ou d’apprentissage ?!
Vous allez me dire que la question du travail et du non-emploi est une de mes fixettes et il est vrai que j’en parle beaucoup mais j’ai nettement l’impression qu’il y a comme un tabou à dire ce que l’on ressent en tant que chercheur d’emploi (« demandeur » devient vrai après quelques mois puis on passe à « supplicateur d’emploi ») -particulièrement en ces temps où il semble normal de s’attaquer à eux, merci cher ministre français du travail …
Sans nul doute, vous qui lisez ce texte, vous connaissez dans votre entourrage ou par votre propre expérience, des personnes dans ce cas. Il est souvent bien compliqué de faire comprendre à notre entourrage ce qu’est la recherche d’emploi :
–chercher les annonces (certes des sites dédiés existent mais il est souvent intéressant d’aller au-delà de ceux-ci),
-les sélectionner (avec ces trois questions latentes « j’ai des connaissances théoriques, est-ce que ça suffira pour la pratique ? », « ce n’est clairement pas mon coeur de métier mais je peux essayer de postuler » (entre ça ou rien, c’est mieux d’en être) et la dernière et terrible : « est-ce que j’ai vraiment mes chances ? »,
-y répondre (vous ne pouvez imaginer à quel point il est démotivant d’écrire des lettres de motivation ! Vous rendez-vous compte que l’on se retrouve les 3/4 du temps à devoir expliquer pourquoi on est le meilleur pour un poste qui est en deça de nos qualifications et de notre champ d’activité ?! Que l’on doit dire à quel point l’entreprise x est tellement géniale et que ce sera vraiment le kif de bosser pour elle ?! Pour ma part, je trouve la lettre de motivation excessivement avilissant et en plus, dont l’utilité est excessivement limitée ! Les employeurs/recruteurs ne prennent pas le temps de la lire (bien souvent elle est « moulinée » par des programmes informatiques qui cherchent les « bullshit buzz/bingo words »), à peine moins que nos CV alors que nous y passons tellement de temps ! [et qui explique aussi aux esprits chagrins que l’on ne peut pas faire 20 candidatures par jour !]),
–attendre une réponse qui, la majorité du temps n’arrivera jamais car maintenant les recruteurs ont trouvé un moyen encore plus inhumain de traiter les postulants : faire attendre !
« sans nouvelle de notre part sous 5 semaines, veuillez considérer que votre candidature n’est pas retenue. «
Les chercheurs d’emploi sont vraiment des personnes courageuses pour supporter d’être aussi mal traité et pourtant garder espoirs et énergie pour continuer, malgré les déceptions, le mal-être engrengé, les problèmes financiers qui apparaissent et le regard de la société.
Mais parfois, ces demandeurs d’emploi se résignent à changer de voies. Je ne parle pas de ceux qui prennent un « petit boulot à côté en attendant de » trouver enfin le sésame tant espéré mais ceux qui n’en peuvent juste plus d’attendre, d’être si mal considérés, de rester passifs face à sa propre vie, à ses projets et à l’avenir qui doit être dessiné malgré tout. Il n’est pas question ici de dire que c’est affreux de changer (vous qui me lisez depuis quelques temps maintenant, vous savez bien que ce n’est pas du tout mon état d’esprit) mais ne pas avoir l’opportunité de faire, au moins une fois, le travail pour lequel on s’est préparé, on a attendu d’aller sur le marché du travail pour être le mieux formé et se retrouvé finalement obligé de retourner en formation pour un autre travail a, vous l’accorderez, de quoi énerver et démotiver.
J’ai eu la très grande chance de faire des études qui m’ont passionnée et qui m’ont permis de comprendre le monde autour de moi et ce, dans une des écoles les plus réputées au monde pour la qualité de son enseignement. Grâce à l’Etat français, cette école est publique et coûtait à peu près les mêmes prix qu’une université parisienne ; je n’ai donc pas eu à m’endetter pour mes études. C’est une vraie chance. Je me suis battue comme nombre de mes camarades lors de ces études (oui, c’était souvent la boucherie quand même cette école !) pour bien réussir mes examens, avoir les bons stages, travailler ma différence en complétant ces études générales d’histoire de l’art par d’autres formations. Résultat : trois ans après l’obtention de mes diplômes, je n’ai toujours pas réussi à trouver un poste rémunéré dans le milieu du patrimoine, de l’histoire de l’art ou de la culture. Je ne me plains pas, je ne suis pas la seule. A vrai dire, en faisant le tour de mes camarades, l’Ecole du Louvre a formé plus de profs que de conservateurs (mais surtout un paquet de chômeurs !). Alors, certes, il y a le « problème » de former trop de cadres que les sociétés actuelles n’ont besoin, que certains secteurs sont encore plus bouchés que d’autres mais, si je prends la question de la culture même, quand on voit le nombre d’annonces pour des stages et services civiques, l’argent que représente la manne touristique et le « tout-culturel » encore plus présent de nos jours que sous Jack Lang, il y a comme un contre-sens. Un contre-sens grave et triste car les structures culturelles ont besoin de professionnels mais les repoussent. Entendons-nous, je ne suis pas du tout dans le schéma « tous pourris » mais comment supporter ca !?
Note : Ce mois-ci, pas d’interview d’un professionnelle de la Culture pour cause d’interviewée finalement non disponible.
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