Il semblerait qu’un vent d’internet souffle dans les couloirs des musées britanniques (particulièrement londoniens) ces derniers temps. En effet, la Tate propose depuis cet été son excellente exposition temporaire ‘Gallery of Lost Art‘ sur un site internet dédié, ainsi que “This Exquisite Forest” (expérience collaborative entre artistes et internautes, en partenariat avec Google).
Avec cet article, quittons la Tate pour le Science Museum et sa collaboration (à moins que ce ne soit dans le contraire ?) avec Google pour le projet collaboratif IRL et URL : Web Lab.
La page d’accueil nous met immédiatement dans l’ambiance que sera celle que l’internaute subira (?) durant toute sa navigation : des formes géométriques qui volent, des bruits un peu crispants au bout d’une minute et … une navigation aisée dans un environnement ludique et agréable. Comme on peut le voir avec cette capture d’écran, un véritable effort d’accessibilité est fait de la part de Google (omniprésent sur tout le site) avec la possibilité de choisir sa langue de navigation dès l’entrée sur le site.
Avant d’arriver sur ce site, j’avais pu lire un petit article* présentant le web lab comme une expérience au Science Museum traitant à la fois de l’internet (et ses possibilités) et le collaboratif (par des expériences ludiques comme les Britanniques savent si bien le faire). Quant on franchit les “portes” de cette exposition temporaire (puisque ouverte jusqu’à juin 2013), on se retrouve effectivement face à des vidéos présentant les installations dans le musée londonien.
Les films qui sont présentés sur l’écran principal sont en fait des illustrations vidéos des rubriques à travers desquelles vous êtes invités à naviguer et expérimenter. Vous remarquerez avec les différentes prises d’écran successives ci-dessus, que trouvez toujours une barre (sobre) de navigation rapide à gauche et l’écran principal qui vous propose un contenu multimédia. Cette structure se retrouvera toujours à travers tout le site, avec la particularité que la barre de gauche s’effacera encore plus en une simple ligne noire que l’on peut développer.
Chose particulièrement intéressante avec cette page d’accueil dans le site c’est que les vidéos ne fonctionnent que l’une après l’autre. Vous remarquerez du reste que dans la 2ème prise d’écran à gauche, le texte de la rubrique disparaît au profit de la suivante, pas encore totalement enclenchée. Ce ne sera que bien face à la rubrique que le résumé explicatif de l’expérience sera développé. Autre élément intéressant, toutes ces vidéos sont prises in situ (dans le Science Museum donc). Cela a d’autant plus d’importance que dans les pages suivantes, le musée semble presque oublié (malgré les vidéos en direct des salles du musée) à tel point que l’absorption par l’environnement graphique est grande.
On remarquera également la présence automatique de la fonction commentaire et de tweet que l’on retrouve toujours en bas à droite de nos écrans. Cet élément d’échange et d’inter-connectabilité sera du reste le fil rouge à travers toutes les expériences proposées par le web lab.
Continuons l’exploration de la barre de gauche par les rubriques “PLUS” : un “à propos de” (où l’on fait tout juste mention du Science Museum), “visiter le musée” (une simple géolocalisation, on en apprend plus dans la rubrique précédente), “enseignants” (semblent être la cible privilégiée de cette exposition) et “technologie de navigation“. Il faut noter que ces deux dernières rubriques sont clairement reliées. En effet, pour les enseignants, il est proposé des vidéos (suivant la même charte graphique et sonore que le reste du site) très pédagogiques et courtes qui peuvent très bien être proposées en classe … à conditions qu’ils soient anglophones ! La dernière rubrique propose quant à elle, des explications succinctes qui peuvent être très bien lues par l’écolier seul (ou donner quelques informations à l’internaute curieux mais pas technique). Si vous souhaitez plus d’informations techniques, vous êtes alors renvoyés vers des pages qui vous proposent directement le code sur lequel se développent les pages du site … et là pour le coup, ça s’adresse aux développeurs.
Il est à noter que ces explications se retrouvent à chaque expérience grâce au bouton “fonctionnement”. A nouveau, le souci d’accessibilité et d’aide à la compréhension (que l’on retrouve dans les caractéristiques tant chez Google que du Science Museum) se fait malin et efficace.
Les expériences maintenant. Elles sont au nombre de cinq : l’orchestre, le téléporteur, le sketchbots, le traceur de données et l’explorateur Lab Tag. On peut y accéder soit directement depuis la page d’accueil dans le site, soit en cliquant sur les pictogrammes.
Voici la première expérience : l’orchestre universel. En fait, il s’agit d’un ensemble d’interfaces qui proposent à l’internaute de s’amuser à “jouer” sur les différents instruments mis à dispositions (l’internaute “joue” sur internet, entend le résultat sur internet mais également dans le musée grâce aux vidéos en direct [à moins qu’il ne soit sur l’une des bornes mises à disposition par le Science Museum … dans quel cas, tout est en direct et IRL]), de “jouer” avec d’autres internautes (“partout” dans le monde) et de voir le résultat grâce à la vidéo en direct diffusée en même temps que l’on “joue”.
J’écris “jouer” car, si on regarde sur la prise d’écran ci-dessus, on clique sur des ronds blancs afin d’y poser les “notes” ou sons que feront nos instruments sans savoir à quoi ces trous correspondent … Ce n’est qu’après avoir placé tous ses points et que l’on devine comment actionner ceux-ci que l’on découvre les sons que l’on a créé … mais en n’ayant aucune main sur le rythme … Cette partie, si elle se veut pédagogique et ludique, ne me semble pas finie et devra être améliorée dans la version suivante (oui, web lab est en bêta). En effet, si l’intérêt est de proposer à l’internaute une expérience musicale, avoir la main sur le rythme et les notes est un minimum … Sans ça, l’expérience se présente plutôt comme un jeu de hasard qui, en plus !, fait du bruit … pauvres gardiens de salle !
Les prises d’écran ci-dessus vous montrent quelles sont les interfaces proposées pour les différents instruments (pas de différence notable) mais également la présence des autres internautes du globe, connectés au web lab et qui jouent eux-aussi d’un instrument. En dessous, les conditions pour participer à cet orchestre et son impact dans le musée même, montré toujours grâce à la vidéo en direct.
Les autres expériences suivent le même principe : présenter une technique utilisée par le web (et que Google utilise particulièrement bien, surtout avec son navigateur Chrome), proposer une expérimentation de cette technique à l’internaute pour qu’il saisisse bien comment ça fonctionne (mais de manière ludique s’il vous plaît !), introduire le collaboratif et montrer la puissance de l’inter-connectabilité à travers le monde (pour le wouaw effect et le fun … et surtout parce que Google est vraiment très fort à ce jeu là ! Après tout, n’a-t-il pas sorti Google Plus qui n’est pas si mort que ça ?!) et montrer à l’internaute son impact “en vrai” (les fameuses vidéos “en direct” … en plus, ça flatte l’ego de l’internaute). Oui, Google à YouTube, GoogleArtProject, Google +, Google Docs, … et tout un tas de technologies et de savoir-faire que beaucoup lui envient mais là, c’est un peu trop présent … vraiment !
L’idée de montrer les différentes technologies et ressorts qui constituent le web actuel, introduire de la pédagogie et du participatif pour permettre au visiteur de bien comprendre ce qu’il a vu, proposer un complément URL/IRL sur cette thématique et de s’allier à Google plutôt connu pour son efficacité d’interfaces et de pédagogie me semble tout à fait justifiée et même excellente du point de vue d’un musée. Néanmoins, mais j’imagine que c’est le “prix à payer”, l’omniprésence de Google sur ce site web lab (n’ayant pas été voir l’exposition dans le Science Museum, je ne sais si sa présence y est également aussi importante) et l’impression que, oui, Google est vraiment trop fort et qu’on se sent totalement connecté au monde entier grâce à l’entreprise américaine est … un peu lourde !
Néanmoins -et c’est plutôt une constante, voire un marque de fabrique- chez Google, le graphisme est très agréable et au service d’une navigation aisée. Ce web lab est sans nul doute partie de bonnes idées de base mais, hormis le design plutôt sympathique, Google n’est pas l’entreprise la mieux indiquée quand il s’agit de proposer un “produit” muséal. GoogleArtProject est un bon exemple et, comme web lab, si le superficiel est particulièrement bien traité, on ne peut malheureusement pas dire que le contenu le soit autant.
Encore une fois, toute expérience et essai de proposer de nouvelles approches dans les champs culturels sera toujours positif et à saluer. Cela étant dit, la critique et l’analyse me semblent nécessaires afin de permettre des corrections, des débats mais également de faire avancer ces réflexions.
*Mon ordinateur ayant fait des siennes, je n’ai absolument pas retrouvé cet article que j’avais consulté fin juillet … désolée donc pour ce manque -flagrant !- de source ! 🙁 En revanche, vous trouverez une petite présentation sur Rabbit Hole.
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